L’immobilier neuf et green gagne enfin du terrain à Bruxelles

Durabilité, écologie et performances énergétiques des bâtiments forment désormais la norme à la mode dans la région de Bruxelles. Le monde de la construction résidentielle voit s'ériger des constructions d’immeubles dits durables, qui sont devenues standards avec le Quasi Zéro Énergie. Voici les projets belges récents qui ont fait du vert leur couleur fétiche.

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© Equilis | Terra Nostra, Braine-l’Alleud

Quasi Zéro Énergie : portrait de la nouvelle norme verte

Le Quasi Zéro Énergie (Q-Zen) concerne désormais tous les bâtiments construits après 2021. Autrement dit, il s’agit du nouveau standard pour les constructions, qui doivent désormais atteindre une consommation d’énergie quasi nulle. Cette directive est l’une des nombreuses étapes mises en place pour répondre à la volonté européenne de diminuer les émissions de CO2 de 40 % d’ici l’an 2030.

Concrètement, les constructions sous Q-Zen sont dotées d’une isolation et d’une ventilation optimales, ne consomment donc pratiquement pas d’énergie, et cette dernière provenant essentiellement de sources renouvelables.

Les avantages des immeubles Quasi Zéro Énergie sont nombreux :

  • les économies d’énergie ;
  • le confort : il n’y a plus de déperditions de chaleur, ni de courants d’air ;
  • la valeur immobilière : un bâtiment de ce type est plus compétitif sur le marché au fil des années ;
  • et l’autonomie : grâce aux énergies renouvelables, un édifice Q-Zen est moins dépendant des combustibles fossiles.

 

Terra Nostra, un nouvel idéal entre Braine-l’Alleud et Waterloo

De nombreux projets sortent de terre avec cet idéal. Entre les villes de Braine-l’Alleud et Waterloo, le projet Terra Nostra se concrétise : le symbole d’un tout nouveau quartier d’environ 450 logements, quelques commerces, des espaces de bureaux et des services.

Ce projet a créé un « couloir écologique » irrigant littéralement ce site, à travers la réalisation d’un bois commun de 10 000 nouveaux arbres plantés selon la méthode du botaniste japonais Akira Miyawaki. Un expert en écologie végétale, discipline qui s’intéresse à la relation entre l’environnement et l’habitat.

« Ce couloir écologique permet d’offrir aux habitants un lien fort avec la nature et la biodiversité qu’il renforce, participant ainsi à la qualité des espaces verts qui animeront le quartier Terra Nostra et plus largement l’ensemble du plateau du quartier Merbraine », explique Corentine Biron, en charge de la communication chez Equilis, promoteur immobilier du projet.

La seconde phase du projet Terra Nostra (qui en comportera quatre au total), devrait quant à elle laisser place à 100 logements supplémentaires, dont l’entame est prévue d’ici 2023 pour une livraison deux ans plus tard.

Terra Nostra offre la particularité de s’appuyer sur son lien étroit avec la nature pour offrir une réelle sérénité aux habitations et espaces de travail qui la composent. Elle s’articule autour d’espaces verts conçus de manière à être les plus résilients possible, mais également d’espaces publics qui, de par leurs typologies et leurs aménagements, participent à la dynamique du quartier et à son identité. Les performances énergétiques seront quant à elles supérieures aux règles communément en vigueur.

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Equilis | Terra Nostra, Braine-l’Alleud

Oxygen à Auderghem : faire tabula rasa pour un mieux

À Bruxelles, la tendance est davantage à la rénovation qu’à la construction, voire à la démolition et la reconstruction. Situé à l’entrée de la forêt de Soignes et de la vallée de la Woluwe, à Auderghem, le projet Oxygen en atteste : il concerne la démolition d’un immeuble de bureaux des années 1960 et de la reconstruction d’une tour résidentielle de plus de 11 000 mètres carrés. On y trouve, sur dix étages, 89 appartements ainsi que 930 mètres carrés de commerces et de bureaux.

Porté par Besix Red, Oxygen a mis l’accent sur des caractéristiques durables telles qu’une très faible consommation d’énergie et des fenêtres à triple vitrage. Le projet est conforme aux exigences PEB 2015 pour la performance énergétique des bâtiments – la législation la plus stricte en la matière. Enfin, la plupart des unités résidentielles d’Oxygon ont reçu un score A en termes de performance énergétique.

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Besix Red/Photo: Utku Pekli | Oxygen, Auderghem

Esprit Couverboie, avant-gardiste et piétonnier près de Louvain-la-Neuve

Autre projet d’envergure développé par Besix : Esprit Courbevoie. Titanesque et unique en son genre, échelonné sur cinq ans, est le fruit d’une collaboration momentanée et réussie entre les groupes Thomas & Piron et Besix (Besix Red pour la promotion et Jacques Delens pour la partie construction).

À la limite du centre-ville de Louvain-la-Neuve, le projet compte plus de 500 logements, des bureaux et des parkings en bordure du parc forestier de la Baraque, à 300 mètres du centre commercial L’Esplanade et de toutes les commodités.

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Besix Red | Esprit Courbevoie, Louvain-la-Neuve

Axé mobilité douce et environnement, Esprit Courbevoie a tout naturellement fait appel aux dernières technologies pour les systèmes de chauffage, d’isolation et de ventilation. « Cela génère de belles économies avec des consommations réduites de moitié, voire de trois-quarts, selon les cas, par rapport à des techniques anciennes », explique Jean-Luc Son, président directeur général de la société de conseil en immobilier REIM et directeur de ce projet. « De plus, lorsque nous avons entamé la conception d’Esprit Courbevoie », poursuit-il, « nous avons anticipé des normes environnementales devenues courantes aujourd’hui. Nous nous sommes montrés précurseurs, ne sachant pas quelle serait l’évolution législative en matière de construction dans un futur proche. »

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Besix Red | Esprit Courbevoie, Louvain-la-Neuve (interiors)

Entièrement piétonnier, tourné vers un parc, Esprit Courbevoie a par ailleurs traité la problématique de l’eau au moyen de bassins d’orage. Ceux-ci permettent de stocker la pluie de façon temporaire avant de la restituer vers les sols, les eaux de surface ou un réseau d’égouts. « Il s’agit de bassins paysagers jolis à regarder où pousse une végétation adaptée », précise Jean-Luc Son. « Nous avons aussi travaillé sur les liens pédestres et ajouté deux passerelles pour relier les différents quartiers. Le projet demeure ainsi très agréable d’un point de vue paysager et environnemental. »

 

Multi : le premier immeuble bruxellois neutre en carbone

Fin 2022, 900 employés de Total vont occuper Multi, le premier immeuble de bureaux bruxellois entièrement neutre en CO2, développé par Immobel. Ce projet offrira une seconde vie à la célèbre tour De Brouckère (anciennement Philips), érigée durant les sixties.

Avec ses 19 étages et plus de 45 000 mètres carrés de surface, le bâtiment ambitionne de conserver 89 % des matériaux in situ puisque le bâtiment n’est pas détruit. Par ailleurs, au moins 2 % (en valeur ou poids) des matériaux de réemploi utilisés dans le projet sont issus de l’urban mining : ils proviennent de chantiers hors du site de construction. Ce chiffre représente le taux le plus élevé jamais atteint dans le cadre d’une reconversion durable.

En 2019, Immobel et Whitewood avaient déjà signé un bail de 15 ans avec Bpost, lequel s’installera prochainement dans l’immeuble. Immobel déménagera également son siège vers Multi en 2022. Situé à proximité de la station de métro De Brouckère et à 800 mètres de la Gare centrale, le bâtiment dispose de nombreuses services : espaces communs ouverts, jardins privés sur son toit, un point poste, une banque, des commerces et une offre de mobilité douce (parking vélos et steps électriques à chaque étage).

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Immobel | Multi, Brussels

L’avenir est-il à la location à Bruxelles ?

Dernier projet considérable dans la capitale belge : le Vicinity Affordable Housing Fund, détenu par des investissements publics et privés (banques, assurances, fonds de pension et l’État belge). Ce premier fonds d’investissement immobilier consacré aux logements abordables et durables en Belgique possède déjà 14 immeubles bruxellois totalisant une somme de 100 millions d’euros et ambitionne d’en racheter dix nouveaux à court terme.

« Le projet part d’un double constat : tout d’abord, la classe moyenne éprouve toujours plus de difficultés à accéder au logement. Ensuite, le marché résidentiel bruxellois se dirige de plus en plus vers le locatif, se professionnalise et s’institutionnalise. Dans ce cadre, nous avons voulu développer un projet immobilier résidentiel afin de le gérer et de le conserver », explique Jean-Baptiste Van Ex, fondateur et président directeur général de Vicinity. « Il y a 15 ans, on comptait à Bruxelles 60% de propriétaires et 40 % de locataires. Aujourd’hui, nous en sommes à 49 % de propriétaires pour 51 % de locataires, et cette tendance devrait encore s’amplifier avec le temps. »

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Vicinity | Spinayer, Brussels

Les immeubles du parc immobilier bruxellois, dont 80 % d’entre eux datent d’avant 1980 et dont les loyers sont majorés de lourdes charges, sont souvent vétustes… Les objectifs du fonds d’investissement de Vicinity sont d’investir dans des immeubles totalement passifs, avec une récupération à 100 % de l’eau de pluie, une électricité issue de panneaux solaires, mais aussi et surtout dans un loyer comprenant un pack complet avec charges, énergies, internet sans fil et accès à des espaces communs (buanderies, cuisines et même salons, salles à manger, espaces de télétravail et jardins communs). « La transition énergétique et la digitalisation constituent nos principaux défis. Nos locataires pourront notamment avoir accès aux consommations énergétiques réelles via une plateforme informatique », poursuit Jean-Baptiste Van Ex.

« Deux de nos immeubles bruxellois ont remporté le Prix d’immeuble exemplaire (gage d’éco-construction ou d’éco-rénovation efficace). Mais nous ne comptons pas nous endormir sur nos lauriers : notre prochain défi reste l’économie circulaire avec l’introduction de matériaux de récupération dans nos constructions et qui pourront être réutilisés dans le futur. »