MINIMAL & STYLISH

En périphérie de Valence, l’éditeur Talenti investit une villa ultra moderne conçue par l’architecte Ramón Esteve, pour mettre en valeur ses nouvelles collections.

Traduction | Villas
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Au-delà de l’utopie moderniste du « Less is more » initiée par Ludwig Mies Van Der Rohe dans les années 1920, la clarté et la simplicité apparente en architecture sont devenues figures de style. Comme une envie de libérer l’espace et effacer la frontière entre la maison et le jardin. Dans la Casa La Cañada, près de Valence, l’architecte (espagnol) Ramón Esteve affiche un minimalisme décomplexé, tout à la fois idéalement intégré dans ce paysage méditerranéen et suffisamment bien agencé pour valoriser la « beauté du presque rien ». Peu de meubles, ceux qui sont là habitent l’espace (intérieur et extérieur) avec force et élégance. Un mobilier puisé dans les collections « Casilda » et « Cottage » dessinées par Ramón Esteve lui-même pour l’éditeur (italien) Talenti Outdoor Living.

Bien qu’il réfute cette étiquette, Ramón Esteve est de cette école d’épure qui tourne le dos à toute notion d’ornementation inutile. Avec le désir de révéler une certaine idée de la beauté pure d’un volume, d’une forme, d’un matériau. Du béton, du bois et de la pierre naturelle. Le plan carré de cette villa contemporaine s’organise autour d’un patio qui assure une connexion visuelle entre toutes les pièces de la maison, tel un atrium romain. Pour mieux souligner l’horizontalité des lieux, il s’agit d’une habitation de plain-pied, le grand hall, le salon, la salle-à-manger-cuisine, les chambres, les salles de bains se situent au même niveau que le jardin, la terrasse et la piscine. Les pièces de service étant situées au sous-sol, éclairées et ventilées par une petite cour en contrebas. Pas de systèmes d’isolation à la technologie très compliquée, mais un jeu de auvents, de murs en saillie, de terrasses semi couvertes et de claustras en bois orientables, pour laisser entrer la lumière du soleil…tout en se protégeant des fortes chaleurs.

L’autre point fort de cette architecture, ce sont les « cadrages » dans chacune des pièces de la maison. Pas de portes, ni de cloisons. Pas de rupture, l’intérieur se prolonge dehors, là où le regard se perd dans le jardin. Comme dans le salon, la disposition épurée des meubles de la cuisine dessinée sur mesure (réalisation Ramón Esteve Estudio) semble répondre à une même injonction : soyons simples, mais néanmoins terriblement chics. Cette sensation de fluidité a été renforcée par la pose de fenêtres XXL aux châssis métalliques d’une extrême finesse ; ces vitres coulissantes sont entièrement dissimulées dans les murs, ouvrant ainsi la maison vers l’extérieur et brouillant les limites.

L’intérieur nous plonge dans un univers de lumière et une clarté de lignes qui structurent puissamment l’espace. Des volumes clairs, d’inspiration cubiste, s’enchaînent harmonieusement. Même dans la décoration, rien ne détonne. Sans seuils et sans fausses notes, on passe, comme dans un loft, d’un espace à l’autre : de la cuisine à la salle à manger, de la terrasse de la piscine au salon, du séjour à la chambre. Le revêtement lisse en béton poli agit comme un miroir, reflétant la réalité de la maison. Là où l’on attend des murs, se dressent d’immenses baies vitrées qui inondent la maison de lumière et repoussent ses limites. La frontière entre intérieur et extérieur devient un élément complémentaire de l’aménagement réfléchi.

Dépouillée, lumineuse, toujours fraîche, même en plein été, la « master-room » ouvre sur une terrasse-solarium ombragée. Elle communique librement avec une grande salle de bains, superbe déclinaison de béton blanc et de boiseries blondes. Côté décoration, Ramón Esteve a privilégié la sobriété. Ce qui prime ici, dit-il, c’est la vue. Comme ailleurs dans la Casa, elle est superbe et reste l’élément fort de cet aménagement. L’architecte ne voulait rien qui puisse rivaliser avec cet environnement magnifique. La beauté de l’endroit est soulignée par la blancheur de matériaux naturels dont la simplicité affirme l’élégance, privilégiant l’équilibre et la douceur de vivre plutôt que la controverse. Pourquoi ce choix ? Parce que le style minimaliste est intemporel. Lorsqu’un lieu échappe aux catégories, il échappe à l’érosion du temps.

 

Entre ombre et lumière. On l’a déjà dit : la maison s’organise autour d’un patio. Cette cour intérieure remplit une triple fonction : en plus de faciliter l’accès, elle organise harmonieusement la répartition des pièces et les relie visuellement. Autour d’un bassin d’eau-miroir qui a été posé là, pour amplifier le décor tout en reflétant la façade intérieure de la maison et le ciel. On aurait du mal à imaginer comment tirer un meilleur parti du rythme symétrique et de l’implacable géométrie de cette architecture néo-moderniste. Une approche finalement assez « cubiste » dans le sens où cette architecture fait référence à des éléments indépendants les uns des autres qui se superposent. Une confrontation réussie avec la monumentalité de la Casa La Cañada et l’intimité de vie de ses habitants.