BRAFA 2023 : un retour à la normale… en mieux !

Le président de la BRAFA, Harold t’Kint de Roodenbeke, a souhaité renforcer l’éclectisme des pièces présentées et accompagner le choix de la ville de Bruxelles de mettre en lumière l’Art Nouveau, dans un partenariat avec le musée Horta et la ROCAD (Chambre Royale des Antiquaires de Belgique). Mais l’Art Nouveau ne symbolise-t-il pas les débuts de la modernité ? Entre les courbes de l’accotoir en noyer d’un canapé d’Eugène Vallin, rehaussé par un piètement organique et typique de l’école de Nancy, les volutes de bois du mobilier dessiné par Horta pour la boutique du bijoutier Wolfers, et les paravents aux panneaux asymétriques, créés pour le restaurant du Grand Hôtel, à Bruxelles, par Paul Hankar, une ambiance résolument début XXème siècle se dessinait. Tandis que les œuvres de Joan Miro, en résonnance avec l’exposition au BAM de Mons qui s’est terminée le 8 janvier 2023, ou les mobiles de Calder apportaient des notes de couleurs primaires, nous ramenant aux sources de l’abstraction… Et surtout plus d’art contemporain et plus de design, un peu partout !

Sylvie Dumas de Vaul | Stand ROCAD

L’insolite papier

C’est peut-être la matière la plus humble mais avec le papier, les artistes font des merveilles. En guise de support pour recevoir les œuvres de Pierre Alechinsky faisant écho aux écritures et « dessins vagabonds » de Christian Dotremont du groupe Cobra, le papier joue la page vierge à colorer ou à noircir. Parmi les chefs-d’œuvre, la maquette du livre « Extraits pour Traits », composé de 88 dessins dialoguant avec 47 textes dont les auteurs font partie de l’entourage d’Alechinsky, Pol Bury, Hugo Claus, Christian Dotremont et Luc de Heusech. « On dirait le Sud », un arbre en papier froissé et sculpté de Charlot & Cie, proposé par la galerie Hélène Bailly, a transformé la matière en force légère. Tandis que les œuvres hyper (réalistes) en bois de tilleul de Christian Renonciat, présentées par la Galerie Divonne, figurent un papier déplié ou une enveloppe en carton scotchée. Sorte de trompe-l’œil de choses simples, son travail bluffant provoque l’émotion.

Galerie Hélène Bailly

Les bonnes nouveautés

La BRAFA a accueilli 3 nouvelles galeries spécialisées dans le mobilier design, comme celle du parisien Pascal Cuisinier, un des plus grands collectionneurs de design historique français des Trente Glorieuses. Il souhaitait exposer depuis longtemps. Mais, jusqu’à présent, on refusait sa candidature par manque de place. Son vaste stand a fait une entrée fracassante dans l’univers du mobilier vintage avec des créations de Pierre Guariche, Joseph-André Motte, Michel Mortier, Antoine Philippon & Jacqueline Lecoq, les luminaires rationnels de Robert Mathieu. La galerie belge New Hope, quant à elle, a présenté des créations américaines et danoises de la seconde moitié du XXème siècle, signées Paul Evans, Phillip Llyod Powell, Poul Henningsen, Poul Kjaerholm ou encore Finn Juhl. Et l’on pouvait rêver dans le jardin de livres de botanique, proposés par la librairie Amélie Sourget. Les couleurs des illustrations, des lithographies relevées au pinceau, mettent en relief le traité des fleurs et des roses de Pierre-Joseph Redouté. Située dans le quartier de l’Odéon à Paris, cette spécialiste a fait mouche parmi les visiteurs qui s’intéressent aux livres rares et précieux.

Pascal Cuisinier | Exposition Robert Mathieu

Galerie New Hope

Design d’exception

Les galeries de design mêlent aussi pièces de designers historiques et créateurs plus récents. Ainsi, la galerie parisienne Maison Rapin présentait une commode constellée de cabochons d’ambre signée Kam Tin, une entreprise des années née dans les années 1970, située à Hong Kong, qui n’a édité que peu de pièces recouvertes pyrites, agates, turquoises mais aussi des tables en laiton et cuivre poli (collection Nuages). Parmi les nouvelles acquisitions de Maison Rapin, un ensemble de 8 panneaux décoratifs en bois ou chaque partie est constituée de 5 aquarelles figuratives signées Paolo Malchiodi, daté des années 1940. La galerie Van den Bruinhorst, spécialisée dans le mouvement néerlandais De Stijl exposait des pièces pionnières de Gerrit Thomas Rietveld comme la chaise Zig Zag qu’il avait éditée pour sa maison à Utrecht. La poésie de ces meubles qui semblent bricolés avec des planches de bois peintes comme des monochromies à la Piet Mondrian révélaient les prémices du design, le génie autant que la rusticité, la géométrisation des formes, en rapport avec l’école du Bauhaus. A noter, la galerie Morentz, spécialisée dans le mobilier du XXème siècle, avec des pièces exceptionnelles, un escalier sculptural et rutilant, une incroyable table en marqueterie de métal, des œuvres de George Nakashima, Hans Wegner et Mats Theselius, Ado Chale. La galerie bruxelloise La Forest Divonne, présentait le travail de François Cante-Pacos qui a signé dans les années 1970, les meubles de Pierre Cardin et a créé le sigle de son fameux « Espace » où le grand couturier exposât régulièrement ses œuvres. Pièces d’ébénisterie contemporaines, son cabinet Carapace en laque ivoire et intérieur chêne et son banc sculptural en bois teinté noir Napoléon III renouent avec les techniques ancestrales pour les projeter dans un univers moderne. Le cabinet est édité, pour la première fois, en 8 exemplaires, sur des dessins des années 1970. Quant à la galerie Gokelaere & Robinson, spécialisée dans le design italien et brésilien, des années 1940 à 1980, elle avait choisi un paravent de Piero Fornasetti, constellé d’oiseaux, qui n’avait rien de minimaliste…

Sylvie Dumas de Vaulx | Galerie Morentz

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