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Bonjour aux années 1980
Les marchands présents parlent d’ « une tendance qui va vers les années 1980 voir 1990 », confirmée par plusieurs stands qui exposent des sièges aux lignes graphiques et ludiques caractéristiques, véritables exercices de géométrie. Le stand Etre Moderne en est l’expression la plus évidente. Mais les spécialistes des antiquités du design achètent et vendent avant tout ce qu’ils aiment. Christophe Guérard et son concept Anti Matière a joué l’atout de la différence, avec des pièces d’art populaire, des objets qui fleurent bon la campagne, les traditions régionales et françaises mais qui parlent à tout le monde. Des objets rustiques, sans âge, porteurs de sens, qui ont traversé le temps comme la veste bleue d’ouvrier qu’il porte. Table de ferme et banc d’église, ustensiles en bois de cuisine, pots en grès… Entre cabinet de curiosités et éco-musée rural, son stand fait l’effet d’une vraie bonne surprise.
Stand Etre Moderne
Chez Damien Vancoppenolle, venu de Roubaix, la belle marchandise s’impose d’elle-même comme ce fauteuil viennois d’Otto Wagner, daté de 1910, ou cette enfilade avec portes en cuir. Vue à la Biennale de Courtrai et datée de 1976, elle a été éditée par Hi-Plan. Un catalogue en atteste. Brussels Design Market s’est toujours différencié d’une brocante par la qualité des produits de seconde main présentés et l’accessibilité des prix. Malgré la crise, cette édition de septembre maintient le cap. On peut dénicher des commodes sixties de 300 € à 450 € et de jolis luminaires à 60 €. Les pièces signées ont toujours la côte comme la lampe Serpente d’Elio Martinelli version table à 1000 €, version lampadaire à 1200 €. Egalement présentée sur le stand de Damien Vancoppenolle, la lampe Gédéon de Martine Bedin, qui a fait partie du groupe Memphis, un modèle ludique créé en 1984 et non réédité, proposé à 750 €. Mais aussi plein de belles céramiques…
Stand de Damien Vancoppenolle
Stand d’Anti-Matière
Lampe Gédeon de Martine Bedin sur le stand de Damien Vancoppenolle
Focus sur Christophe Gevers
Cette année, les créations Christophe Gevers, sont à l’honneur. Ce designer belge, décédé en 2007, fait l’objet d’une l’exposition organisée au Design Museum de Bruxelles (du 29/09/ 2023 au 08/01/2024) qui conserve les archives transmises par sa femme Françoise. « On ne connaît que 10 % de ce qu’il a réalisé. Entre grands restaurants d’entreprise, chantiers de particuliers, bureaux cafétérias, son œuvre est immense. A Bruxelles, il a notamment réalisé l’aménagement de la Taverne des Beaux-Arts et l’intérieur (toujours conservé) du restaurant Au Vieux Saint-Martin, place du Sablon, avec son plafond laqué vermillon et son mobilier caractéristique et très gain de place. Autodidacte, devenu professeur, il était autant designer que scénographe, architecte d’intérieur et graphiste. On peut le comparer à un Scarpa ou un De Lucchi ! Il a mis au point des systèmes très ingénieux », explique Thierry Belenger, collectionneur et ami de Christophe Gevers qui avait organisé sa seconde exposition, en 2008. Sur son stand, une chaise longue qui se transforme en simple chaise, un logo dessiné pour la chaîne des fast-food Quick, des maquettes et des prototypes, réalisés par le designer lui-même. Derrière cet espace, l’éditeur Quattro Benelux qui réédite, depuis 40 ans, les créations du designer Christophe Gevers, les chaises TBA et CG73, le tabouret Cap d’argent en cuir avec dos lacé, les tables CG73 ou CG66… D’autres rééditions sont en préparation et ce designer va faire l’objet d’une monographie Les pièces anciennes et uniques de Christophe Gevers atteignent des prix importants, 8000 € pour un lustre, 17000 € pour un buffet en teck et pierre bleue.
Focus Christophe Gevers
Le bois en majesté
Du côté de For the Now, le design gantois Alexandre Lowie présente sa nouvelle collection de tables avec plateau en bois, décliné en 12 mesures, 3 largeurs, 4 longueurs et jusqu’à 3,75 m mais aussi 7 essences de bois et 12 couleurs de piètement Elle se distingue d’ailleurs par ses pieds métalliques en forme d’agrafe, graphique et aérien, qu’il a lui même dessiné. Les plateaux massifs de 3 cm d’épaisseur, à la tranche biseautée, sont disponibles réalisables en chêne, frêne, bubinga, ovangkol, orme, cerisier ou cipo. Un banc et un tabouret complètent cette ligne qui propose aussi une fabrication sur mesure ou dans un autre bois, à la commande. Au fond de l’espace, les créations de Frederick Van Humbeeck: Ce designer travaille le bois en le brûlant et en lre traitant avec un acide pour faire ressortir le veinage et le velouté de la matière qui devient moirée comme un textile. Il a doté l’une de ses tables basses d’un miroir pour refléter son travail de sculpture du bois sur l’envers du plateau et son piètement de formé bombé.
Table réalisée par Frederick Van Humbeeck, For the Now
Créations d’Alexandre Lowie, For the Now
Honneur à la création textile
Le designer textile, c’est justement un des points forts de ce salon avec le travail de Laure Kasiers. Elle fabrique des tapis, à partir d’une technique mise au point par ses propres soins. Les galons de passementerie qu’elle tisse mécaniquement et replie à la main forment des motifs organiques. Au sol ou au mur, telles des tentures, ses créations évoquent des matières naturelles et jouent avec la lumière. A noter aussi les tissages vibrants d’Emma Terweduwe et les créations tricotées en 3 D d’Ana Maria Gomez, avec la collaboration d’Omarcity (Amgs & Omarcity). Tapis, matelas, coussins et plaids anticonformistes composent une ambiance très coconing. Les pièces multifonctionnelles très douillettes, dans lesquelles on peut se lover, invitent à la détente, au repos et au lâcher-prise.
Stand de Laure Kasiers, For the Now
Créations textiles d’Emma Terweduwe, For the Now
Créations textiles d’Amgs & Omarcity, For the Now
Les créations tranquilles de Julien Renault
Installé depuis 2009 à Bruxelles, Julien Renault s’est progressivement imposé sur la scène internationale en travaillant avec des éditeurs italiens comme Mattiazzi, la marque anglaise Nine, des firmes scandinaves comme Massproductions ou Hay pour laquelle il a créé récemment la chaise Pastis, évoquant le sud de la France, les bistrots, et nom d’une brasserie parisienne à Copenhague. Ses créations, discrètes et fonctionnelles, mettent en relief des formes intemporelles, faites pour durer. Elégantes et simples, toujours personnalisées par un petit détail comme les étagères Notes qu’il a créé pour Cruso. Pour cet éditeur belge il a récemment dessiné des petites tables basses en Valchromat (Médium teinté dans la masse) que l’on peut associer et dissocier en fonction des activités de la journée. La collection ludique Otap propose 4 modèles ronds et carrés et 7 couleurs que l’on peut combiner selon ses désirs.
Rétrospective Julien Renault, design de l’année 2023, For the Now
