
La maison s’organise autour d’un axe transversal, un couloir de circulation qui relie cinq volumes distincts, orientés vers les vignes et le paysage environnant. Ce parcours intérieur évoque un cloître, espace de silence et de recueillement, tout en orchestrant la transition entre intérieur et extérieur. Sous une entrée à double hauteur, le visiteur passe de l’éclat du soleil à la pénombre tempérée des murs enduits à la chaux. Attenante au séjour, la cuisine s’organise autour d’un îlot central, comme un autel domestique. L’architecte lui donne une importance rare : « la maison ne se comprend que lorsqu’on y prépare un repas ». Elle est le cœur du quotidien, le lieu du geste partagé. Les matériaux y conservent la même palette : pierre, bois, acier brossé. Rien d’ajouté, tout essentiel. C’est dans cette pièce que la matière prend vie, que l’architecture se fait hospitalité.

Les meubles de la cave à vin ont été fabriqués par un menuisier local, tout comme les poutres en bois qui servent de casiers à bouteilles. Les murs sont en pierre taillée à la main et le sol est en marbre travertin ou national. En termes de design intérieur, le mobilier a été choisi pour sa simplicité, et la conception de l’éclairage imite la température de la lumière, à l’égal des couvents du XVIe siècle. L’approche sans prétention de ce projet s’aligne sur l’idée de Luis Barragán selon laquelle « le temps peint aussi » et sur la notion que la beauté est imparfaite et émerge avec le temps. Dans la salle à manger, la table et la console sont de Namuh Studio et les chaises sont de la marque Urban Republic. Le tableau est l’œuvre d’artisans d’Oaxaca qui travaillent l’argile. Les luminaires de toute la maison sont de Forbes & Lomax tandis que les lampes sont également en plâtre et de la marque Faro Barcelona.


Derrière le vestibule, le séjour s’ouvre d’un seul geste vers le vignoble. Une grande baie, orientée au sud-ouest, encadre les collines et laisse la lumière couler sur les surfaces de marbre mat. Ce n’est pas un espace spectaculaire, mais un espace de présence. Les murs épais filtrent le soleil, laissent la lumière glisser plutôt qu’éblouir. La pierre et le bois se répondent avec justesse, tandis que le mobilier, volontairement minimal, rappelle la rigueur des intérieurs monastiques. Les chaises en bois proviennent de Zara HOME, le fauteuil a été fabriqué sur commande par des artisans à Mérida, dans le Yucatan, tandis que les meubles en bois ont été réalisés par un menuisier local. L’œuvre textile, accrochée au mur du fond a été tissé à la main par Caralarga. Les bougies proviennent de chez Trinitate et les lampes ont été choisies dans la collection de Faro Barcelona. La peinture utilisée sur les murs est une peinture fabriquée à base de chaux par Nanocal.

La lumière naturelle pénètre filtrée, créant une atmosphère à la fois intime et vivante. L’aile ouest accueille les espaces partagés, salon, salle à manger, cuisine, terrasse, tandis que l’aile est se réserve à l’intimité des quatre chambres. Chacune s’ouvre sur un fragment de nature, invitant à la pause et à la contemplation. À l’extrémité est, trois chambres s’ouvrent sur la vigne. On y retrouve le mobilier de Namuh Studio et Flos pour l’éclairage encastré. Le matin, la lumière pénètre oblique, dorée ; l’après-midi, les murs diffusent la fraîcheur emmagasinée. Les intérieurs sont volontairement dépouillés : lits bas en chêne, tables flottantes, tissus clairs. Rien de superflu, mais une douceur presque monacale. Jorge Garibay y cherche la justesse plutôt que le confort ostentatoire. Cette combinaison a permis de créer des environnements chaleureux où la lumière naturelle joue un rôle important. La pierre locale, le marbre mexicain non poli, la peinture à la chaux appliquée à la main sont les trois matériaux majeurs, utilisés avec une économie de moyens pour exprimer la durabilité et la patine du temps.

Dans la salle de bains des invités, le lavabo monolithe en marbre massif a été personnellement façonné par l’architecte à l’aide d’un ciseau et d’un marteau jusqu’à obtenir la forme usée souhaitée. Le robinet est de la marque Cocoon avec une finition bronze. Les bougies déposées sont de chez Zara Home. L’éclairage encastré vient de chez Flos. Ces pièces invitent au silence, à la lenteur, à la contemplation du paysage. Les fenêtres cadrent un arbre, une rangée de ceps, un fragment de ciel. Le dehors devient un tableau vivant, renouvelé à chaque heure. Ici, habiter signifie ralentir, se laisser vieillir avec la maison. Cette invitation nous rappelle que, même si le vide n’a pas d’existence en soi, il est essentiel pour que tout le reste puisse exister. En fin de compte, notre but en tant qu’individus est d’honorer l’être et son contraire. C’est est, paradoxalement, ce qui nous permet vivre en toute plénitude.



L’architecte a extrait cette pierre de la colline et a été attiré par sa forme irrégulière. De cette découverte a découlé son espace de présentation. Cette cour ouverte nous invite à réfléchir sur l’espace vide : « L’espace est, par essence, le néant, et l’essence de toutes choses réside dans le vide. Tout comme le son ne peut exister sans le silence, le néant ne peut exister sans le néant, sans cet espace vide qui permet d’être. Le philosophe japonais Kitaro Nishida explore le concept « a place of mu » (néant) et cette idée dégage une poésie profonde sur l’absence. « En tant qu’êtres spatiaux, notre réalisation sous toutes ses formes dépend de l’espace. L’architecture répond à ce besoin, invitant à réfléchir sur l’espace vide comme matrice créative de l’existence ».




