Icône de l’Art nouveau parisien, la Samaritaine se met au goût du jour

Le légendaire grand magasin parisien La Samaritaine a rouvert ses portes après seize ans de rénovation. Les éléments historiques d’Art nouveau et d’Art déco ont été restaurés pour retrouver leur lustre d’antan. Parallèlement, l’agence d’architecture de renom SANAA a également donné au bâtiment une allure contemporaine.

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VILLAS Decoration Samaritaine
© La Samaritaine

Plus qu’une Mecque du shopping

Afin de célébrer la réouverture de la Samaritaine, l’éditeur de luxe français Assouline lance un livre de prestige richement documenté qui illustre non seulement l’histoire du célèbre grand magasin, mais explique aussi en détail sa restauration. Cependant, la Samaritaine ne se confine pas à un haut lieu du shopping, car elle est aussi un exemple intéressant d’Art nouveau et d’Art déco, deux styles artistiques et architecturaux très en vogue en Europe à l’entame du siècle dernier.

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Création originale de Frantz Jourdain

Au tournant du siècle dernier, l’architecte Frantz Jourdain a été chargé par les propriétaires Ernest Cognacq et Marie-Louise Jaÿ de rénover et d’agrandir leur magasin datant des années 1870. Jourdain a participé à plusieurs communautés artistiques qui ont largement influencé sa vision architecturale personnelle et ses choix en matière de design dans le cadre de la Samaritaine. Président de la Société du Nouveau Paris à l’apogée du mouvement Art nouveau, il n’est pas surprenant que ce style révolutionnaire soit bien représenté dans son projet original.

Juxtaposition de la modernité et de la nature

L’Art nouveau ne se caractérise pas seulement par l’utilisation abondante de motifs floraux, mais également par sa préférence pour les techniques modernes. Sur le plan architectural, ce choix s’exprime principalement par l’utilisation de grandes surfaces vitrées et d’arcs en fer, éléments très largement présents dans la vision originale de Jourdain. La structure de la Samaritaine était réalisée en acier et en verre, mais la célèbre façade était recouverte de carreaux d’émail dans les couleurs emblématiques jaune vif, vert, blanc et or. Ce style s’est également retrouvé à l’intérieur. Les escaliers en fer, les sols carrelés et les fresques murales se faisaient l’écho des motifs floraux typiques de l’esthétique de l’Art nouveau.

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La Samaritaine

L’Art nouveau en Belgique

L’Art nouveau jouissait également d’une très grande popularité en Belgique. L’architecte gantois Victor Horta et Henry Van De Velde sont au nombre des figures de proue de ce style. De nombreuses réalisations de Horta peuvent encore être visitées aujourd’hui, comme l’hôtel Tassel, considéré par beaucoup comme le « manifeste » du style Art nouveau, les serres royales de Laeken et le Palais des Beaux-Arts (BOZAR). Quatre demeures Art nouveau conçues par Horta sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, y compris son ancienne maison et son atelier qui accueillent aujourd’hui le musée Horta.

Rénovation Art déco dans les années 1920

Mais la première rénovation de Jourdain n’a été que de courte durée. Lorsque le bâtiment a été achevé en 1910, la popularité du style Art nouveau déclinait déjà très largement. En effet, de nouveaux mouvements artistiques tels que le fauvisme, le cubisme et l’Art déco donnaient au design de la Samaritaine un air désuet. Dans les années 1920, le magasin a été agrandi et modernisé dans un style plus dans l’air du temps. Les coupoles en verre et les ferronneries décoratives ont dû céder la place à des touches plus géométriques et à des pierres de couleur crème. Cette modernisation est le fruit d’une collaboration entre Jourdain et l’architecte Henry Sauvage, et s’achève en 1928. À la fin de la construction, la Samaritaine se composait de quatre grands magasins différents et s’étendait de la rue de Rivoli au quai du Louvre.

Une restauration complète

En 2005, la Samaritaine a dû fermer ses portes pour des raisons de sécurité. La célèbre agence d’architecture japonaise SANAA a été chargée de la rénovation, avec SRA Architectes comme architecte exécutif. Ce projet global avait pour objectif de restaurer et de moderniser les éléments historiques Art nouveau et Art déco. Aujourd’hui, les bâtiments ne sont pas seulement utilisés comme espace commercial, puisque plusieurs zones ont également été converties en bureaux, en un hôtel cinq étoiles, en logements sociaux et en une crèche.

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La Samaritaine

Une façade de verre contemporaine

En plus de la restauration de la structure existante, l’agence SANAA a également ajouté de nouveaux éléments architecturaux, tels que l’étonnante façade en verre qui tourne autour du bâtiment et reflète les bâtiments environnants. Quel a été l’objectif des architectes ? Unir l’historique et le contemporain sur la surface vitrée et perpétuer ainsi une relation harmonieuse entre les parties rénovées et les éléments nouvellement construits. En outre, la façade ondulée fait référence à la vision avant-gardiste et à la recherche sur le verre qui caractérisaient le travail des architectes d’origine, Frantz Jourdain et Henri Sauvage. Baptisée « passage de la Samaritaine », une nouvelle rue a également été créée. Cette rue traverse le bâtiment et relie trois cours, dont deux sont dotées de coupoles en verre, afin que la lumière puisse pénétrer à l’intérieur plus efficacement.

Bourse de Commerce

La Samaritaine n’est pas la seule icône historique à avoir été modernisée en 2021. La Bourse de Commerce, qui date du XVIIIe siècle, a également bénéficié d’une transformation contemporaine réalisée par Tadao Ando, un architecte japonais de renom, lauréat du prix Pritzker. L’ancien bâtiment de la Bourse comprend désormais divers espaces d’exposition qui présenteront de nombreuses œuvres d’art issues de la collection privée du propriétaire et mécène François Pinault, fondateur du groupe de luxe Kering.