Jean-Michel Othoniel, l’artiste aux œuvres de lumière

Jean-Michel Othoniel – artiste plasticien contemporain français prolifique – ouvre continuellement les portes de son univers au public : un monde onirique, enchanteur et envoûtant. Célèbre pour ses œuvres insolites, volontairement féériques, il cherche à émerveiller le spectateur. Travaillant les matériaux novateurs ainsi que réversibles, dont le verre, mais aussi inspiré par la science, Jean-Michel Othoniel signe des créations d’exception conservées dans les plus grands musées d’art du monde. Il compose des pièces en forme de boules ou de globes tels des chefs-d’œuvre en jouant sur la transparence, l’effet miroir et le pouvoir de réflexion du verre. Portrait de l’artiste aux œuvres de lumière.

© Jean-Michel Othoniel/Courtesy of the artist/Perrotin/Photo : Claire Dorn | Gold Lotus, 2019, « Le Théorème de Narcisse », Petit Palais, 2021

Les débuts d’une carrière artistique prometteuse

Jean-Michel Othoniel naît le 27 janvier 1964 en France. Enfant, il se rend régulièrement au Musée d’art moderne contemporain de Saint-Étienne, sa ville natale. Un lieu qu’il apprécie tout particulièrement et qui lui donne envie de faire partie du monde de l’art. C’est ainsi qu’il décide de suivre des études dans ce domaine. En 1988, l’artiste sort diplômé de l’École nationale supérieure d’arts de Cergy-Pontoise. Il présente, en 1992 à la documenta de Cassel, ses premières créations en cire et en soufre. Dès lors, sa carrière se lance, sa notoriété grandit de jour en jour.

L’année suivante, en 1993, l’artiste découvre le verre soufflé à Marseille, au CIRVA (Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques), et l’intègre dans ses œuvres. Un matériau noble qui devient alors sa signature, la pierre angulaire de son travail artistique. Dès lors, il collabore avec des verriers de Murano à Venise et expérimente le verre sous différents états : transformations et mutations. Il réalise des créations uniques comme des perles creuses ainsi que des colliers de verre, suspendus dans les jardins de la Villa Médicis ou encore au palais de l’Alhambra à Grenade, qui jalonnent désormais tout son travail.

En 2000, Jean-Michel Othoniel répond à une commande publique à Paris. En plein centre de la capitale française, sur la place Colette, face au Théâtre du Palais-Royal, il transforme la station de métro parisienne Palais-Royal – Musée du Louvre en une œuvre unique : Le Kiosque des noctambules. Une double couronne de verre coloré et d’aluminium surplombe la bouche de métro. Cet objet monumental et fantastique, détonnant dans le cadre urbain parisien, accueille le flux de passagers comme une invitation à la rêverie. 

Depuis, ses œuvres in situ rencontrent régulièrement jardins et sites historiques du monde entier. Considéré comme l’un des artistes contemporains majeurs, il est élu membre de l’Académie des beaux-arts en novembre 2018. En 2019, ce dernier a ouvert à Montreuil, un gigantesque atelier avec l’artiste sculpteur belge Johan Creten, son compagnon. Dans ce lieu, nommé La Solfatara, il partage leurs savoir-faire et œuvres qui leur sont chers ; un dialogue entre sculpture en verre et sculpture d’argile.

VILLAS Decoration Jean Michel Othoniel

Jean-Michel Othoniel/Courtesy of the artist, Perrotin | « Le Théorème de Narcisse », Petit Palais, 2022

Les expositions et monuments emblématiques en verre de Jean-Michel Othoniel, l’un des plus grands artistes français

L’équipe de l’atelier Othoniel Studio poursuit un vaste projet : poétiser et réenchanter le monde. Les sculptures de l’artiste contemporain, à mi-chemin entre bijoux et objets féeriques, réinventent le merveilleux.

Quelques œuvres et expositions emblématiques de Jean-Michel Othoniel :

  • En 2003, l’événement « Crystal Palace » qui se tient à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris dévoile une série de sculptures en verre dans les salles et jardins, invitant à une déambulation dans l’espace.
  • En 2010, la star Jean-Michel Othoniel participe à la restauration de la Villa Empain à Bruxelles. Il réalise une œuvre monumentale en verre de Murano et feuilles d’or ornant le hall d’entrée.
  • En 2011, le Centre Pompidou lui offre une exposition carte blanche : « My Way ». Une traversée rétrospective de son parcours d’artiste. 
  • En 2015, il redonne vie au bosquet du Théâtre d’Eau du château de Versailles avec sa création Les Belles Danses. Les jardins accueillent trois sculptures fontaines posées à fleur d’eau dans les bassins.
  • En 2018, le plasticien français présente une exposition personnelle dans un lieu auquel il est profondément attaché, le Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne. The Big Wave, une grande sculpture de briques de verre noire, est inspirée du tsunami ayant frappé le Japon en 2011. 
  • En 2019 à Doha, l’artiste anime le bassin faisant face au National Museum of Qatar avec une installation de 114 sculptures-fontaines. Des œuvres en forme d’arabesque. Un édifice spectaculaire, appelé Alfa, qui s’étend sur plus de 900 mètres carrés.
VILLAS Décoration Jean Michel Othoniel

Martin Argyroglo in VILLAS 98| « Alfa », National Museum of Qatar, 2019

En attendant une nouvelle exposition en solo à la galerie Perrotin de Hong-Kong au début de l’année 2022, Jean-Michel Othoniel présente sa plus grande exposition personnelle depuis « My Way », qu’il envisage comme une parenthèse hors du temps. 

Pour l’occasion, il invente Le Théorème de Narcisse : une œuvre-homme-fleur qui, en se reflétant lui-même, reflète le monde autour de lui. Cet événement se déroule à Paris, au Petit Palais, à proximité des Champs-Élysées et de l’Arc de Triomphe, emballé il y a peu par le célèbre maître du wrapping, Christo.

Cette exposition est placée sous le signe de l’irréalité, de l’enchantement et de l’imagination. L’artiste français présente Rivières de briques bleues, Lotus et Colliers d’or, Couronne de la Nuit, ou encore Nœuds Sauvages. 70 pièces dialoguant avec l’architecture du Petit Palais.

Le mariage de l’art et de la science : la signature artistique de Jean-Michel Othoniel

À l’âge de 23 ans, Jean-Michel Othoniel vit une épreuve terrible. Il perd son premier amour et met des années avant de retrouver une certaine joie. À cet instant, l’art est pour lui une sorte d’exutoire, une forme de psychanalyse. Il décide ainsi de retranscrire cette souffrance dans ses œuvres. Il devient l’artiste du soufre, travaillant celui-ci sous différentes formes. Cette matière a la particularité d’être réfléchissante et réversible. Elle permet à la création d’évoluer et de se métamorphoser, une caractéristique qui captive l’artiste contemporain. C’est alors qu’en 1992, il s’envole vers les îles Éoliennes en Italie, dans l’espoir d’en découvrir davantage sur le soufre. 

Durant ce voyage, il rencontre un volcanologue qui lui présente les mérites du verre naturel des volcans. Selon ce dernier, la pierre ponce qui recouvre l’île, une fois fondue, se mue en obsidienne. Il n’en fallait pas plus pour interpeller Jean-Michel Othoniel. Il poursuit alors sa passion pour le mariage de l’art et de la science en réalisant deux ans de recherche au CIRVA.

« C’était un acte alchimique, c’est la métamorphose qui m’intéressait, pas le verre en lui-même ». Peu à peu, il se laisse séduire par la beauté de ce matériau et retrouve joie et bonheur. Du soufre au verre, il passe de l’ombre à la lumière et décide de réenchanter la vie.

VILLAS Décoration Jean Michel Othoniel

Jean-Michel Othoniel/Courtesy of the artist/Perrotin/Photo : Claire Dorn | Kiku (détail), 2021

VILLAS Décoration Jean Michel Othoniel

Jean-Michel Othoniel/Courtesy of the artist/Perrotin/Photo : Claire Dorn | Agora, 2019

Il découvre les merveilleuses capacités de métamorphose du verre et souhaite non pas intervenir en tant que sculpteur pour façonner ou détruire le matériau, mais plutôt de le saisir dans un moment de fragilité, à l’état de sable ou lors de sa liquéfaction. L’artiste plasticien se rend compte qu’il ne pourra pas manipuler seul le verre, comme c’était le cas avec le soufre ou la cire. Il faut être un virtuose. Il fait ainsi appel à des souffleurs de verre dans le monde entier : Japon, Inde, Mexique ou encore Hawaï.

Au cours de ses créations, le sculpteur explore les idées de transformation et de mutation matérielle, il découvre également la théorie des reflets avec le mathématicien mexicain Aubin Arroyo. Une théorie mathématique du nœud révélant l’existence de millions d’autres, un croisement entre l’art et les mathématiques, entre le rationnel et l’intuitif. Jean-Michel Othoniel développe d’ailleurs cette théorie autour de sculptures présentes au Petit Palais.

Il crée alors des œuvres telles de véritables expériences scientifiques. De plus, il s’attache à concevoir des créations qui s’harmonisent avec le paysage. L’artiste français fait entremêler ses colliers et perles de verre à la végétation et à l’environnement. Derrière chaque sculpture, il traite également un sujet profond. Certaines évoquent son amour pour le voyage, d’autres témoignent de ses réflexions sur le monde ou encore narrent un récit fantastique et poétique. Il se plaît à raconter des histoires au travers de l’art.

Depuis presque 30 ans, Jean-Michel Othoniel surprend avec des œuvres atemporelles toujours plus fascinantes et spectaculaires. Des créations fantastiques qui nous invitent au rêve et nous offrent la possibilité de résister à la désillusion du monde le temps et de goûter au merveilleux le temps d’une exposition.

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